Description

La tombe Friedrich-Ketten renferme la dépouille de Evy Friedrich (1910-1989), journaliste libéral de gauche, écrivain et réalisateur de films ainsi que celles de ses parents. Evy Friedrich est le fils unique du dentiste Jean-Pierre Friedrich (1879-1938) et de Marie Ketten, dite "Sisi" (1882-1951), fille du rosiériste Evrard Ketten (enterré à Longuyon-Haut). Evy Friedrich est le père de Jemp Friedrich, né en 1939, lui-même autoir de « Dîle en île autour du monde » et « im Segelboot um die Welt ».

Evy Friedrich s’est inscrit après ses études secondaires à l’Athénée de Luxembourg et au Gymnase d’Echternach aux Cours supérieurs, où il fut un condisciple de Tony Bourg, de Marcel Engel et de Fritz Rasqué. Il abandonna cependant ses études de droit commencés à Paris afin de poursuivre une formation en journalisme. A partir de cette époque, il écrivit des articles pour les organes de presse « Escher Tageblatt », « A-Z », « Luxemburger Zeitung », « L'Indépendance luxembourgeoise », « Obermosel-Zeitung », « Der Landwirt ». En 1935, il fut engagé comme rédacteur par le quotidien francophone « Luxembourg » et, en 1938, il fonda le journal « Das Oesling-Ardenner Heimatblätter ». Il se fit également remarquer par des articles parus dans l’« Écho scolaire », « Junge Welt », « La Voix des Jeunes », « Les Cahiers luxembourgeois » et « Comoedia », une publication paraissant en France et consacrée au cinéma, au théâtre ainsi qu’aux beaux-arts. Lors de l’invasion du Luxembourg par les troupes allemandes, Evy Friedrich fut incarcéré le 16 mai 1940 à la prison de Luxembourg-Grund, puis transféré à Wittlich. Libéré de Wittlich en juillet 1940, il se vit infliger une interdiction de publication et de toute activité dans le domaine culturel, suite à la laquelle il travailla pour la banque Mathieu Frères à Luxembourg. Depuis les années 1930, il avait pris contact avec des émigrés allemands vivant au Luxembourg pour les soutenir dans leur combat antifasciste. En 1942, il fut déporté avec toute sa famille à Leubus, Boberstein et Buschvorwerk, une expérience à la base d’un recueil de souvenirs en deux volumes. Le recueil de souvenirs de la déportation « Als Luxemburg entvölkert wurde » comporte un seul volume (1969.Il publia encore deux brochures sur le sujet : « Die Tage der Wende, Luxemburgische Umsiedler in Niederschlesien erleben die Befreiung durch die Rote Armee » (1951), „Der 10. Mai, Versuch einer zusammenfassenden Darstellung“ (1955).

Après la guerre, il fut nommé attaché au ministère de la Santé publique, au sein duquel il était chargé de réorganiser de différentes fédérations sportives et devint membre du Comité Olympique. Parallèlement, il assuma la présidence de différentes fédérations sportives. Il intégra les journaux « Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek » et « Revue » en tant que journaliste. De 1957 à 1964, Evy Friedrich séjournait à Berlin-Est, où il fut chargé par la société « Deutsche Film AG » (DEFA) de traduire des films français en allemand et des scénarios allemands en français. À son retour au Luxembourg en 1964, il reprit son travail pour les organes de presse « Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek » qu’il quitta définitivement en 1966 pour réintégrer à plein temps le magazine  « Revue ». De 1970 à 1989, il enregistrait 6000 émissions de radio « Kalennerblieder » sur RTL Radio Lëtzebuerg, une production quotidienne consacrée des villes et villages du Luxembourg, basée sur les 5 volumes des « Kalennerblieder » publiés de 1980 à 1985. En 1975, Evy Friedrich publia un aperçu chronologique de la presse luxembourgeoise intitulé « Zeitung in Luxemburg ». Tout au long de sa vie, il se consacrait à la description des plus belles randonnées du Luxembourg ainsi que des grandes randonnées européennes. Dans ce cadre, il publiait  „Europäischer Fernwanderweg E2“, „Holland-Mittelmeer“, „Europäischer Fernwanderweg E3“ (1980), „Luxemburg, Ausgewählt, begangen“ (1982) et „Wandern in Luxembourg“ (1983 et 1984).

Evy Friedrich compte parmi les pionniers du cinéma et de la critique cinématographique au Luxembourg. Dès l’âge de seize ans, il était correspondant de « Ciné magazine », édité à Paris. L’année suivante, il fonda sa propre revue de cinéma, « Le Film luxembourgeois », qui parut jusqu’en 1934 avec quelques interruptions et qui organisait entre autres la première élection de Miss Luxembourg. En 1934, il figurait parmi les membres fondateurs de l’Association de la presse cinématographique luxembourgeoise (APCL). Dans les années 1930, Evy Friedrich tournait plusieurs films, dont un film muet consacré à la Société protectrice des orphelins, pour lequel il figurait à la fois en tant que scénariste, metteur en scène, caméraman et producteur. De 1935 à 1939, il réalisa, en collaboration avec René Leclère, une série de films documentaires consacrés au Luxembourg. Cette série comprit entre autres « Il était un petit pays ». Dans les années 1930, Evy Friedrich publia deux livres consacrés au cinéma : « Remarques sur Abel Gance » (1931) et « Introduction à l’art cinégraphique » (1936). En 1947, il réalisa le film « Les Danseurs d’Echternach », présenté dans le cadre du Festival de Cannes et dont la musique fut écrite à Henri Pensis. Après son retour de Berlin-Est, Evy Friedrich anima une rubrique de cinéma hebdomadaire sur RTL Radio Lëtzebuerg. Il n’arrivait cependant plus à achever son projet de dictionnaire cinématographique, pour lequel il avait déjà réuni plus de 500000 fiches.

Evy Friedrich jouait également un rôle important dans la vie littéraire luxembourgeoise. Il fit ses débuts avec des poèmes dans « Die junge Welt ». En 1929, il réédita sous son pseudonyme Jacques Cartier  le « Règelbichelchen vum lezeburger Orthoegraf » de l’auteur et professeur Antoine Meyer. Friedrich fonda la maison d’édition Malpaartes se référant au nom de la tanière du héros de Renert de Michel Rodange. Outre son propre recueil de feuilletons « Der Spiegel » (137,2 volumes), Friedrich publia « Prinz Übermut’s Fahrt ins Märchenland » d’Edith Roeder ainsi que « Kinnhaken » et et la « Grande Compagnie de Colonisation de Karl Schnog », un livre qu’il publia sous le pseudonyme Tom Palmer et basé sur une idée de l'industriel allemand Heinrich Leipziger, juif émigré de l'Allemagne nazie, fondateur de la S.A. des Minerais et connu plus tard sous le nom de Henry J. Leir. Evy Friedrich participa au projet « Die Komoedie », mis en place par Paul Walter Jacob directeur d’une troupe de théâtre composée principalement d’acteurs exilés au Luxembourg et qui allait être à l’origine du Festival International d’Echternach.

Evy Friedrich utilisa également « Malpaartes » pour publier ses « Campingsbriefe » en 1939 et ses réctis « Jamboree am Wolfgangsee » (1951) et « Notiert in der Sowjetunion » (1953)

Dans les années 1970, Evy Friedrich rédigeait des critiques de théâtre pour le compte des journaux « Le Républicain lorrain » et « Escher Tageblatt ». Parmi ses modèles et amis littéraires, on compte Batty Weber, dont Friedrich a édité les œuvres complètes (G). À Gasperich, un nom de rue rappelle la mémoire de ce journaliste, auteur et réalisateur de films.

Le monument funéraire dédié à Evy Friedrich est d’une grande sobriété. Il est réalisé en granit labrador gris. La tombale est divisée en trois lames, dont la centrale est plus large que les latérales. Elle légèrement surélevée et surmontée d’une croix en bronze. Une plaque carrée occupe le centre de cette lame et sert de repose-fleurs. Un bénitier en bronze au décor d’un rameau est placé sur la partie droite de la tombe.