Description
Le compositeur de l’hymne national, Jean-Antoine Zinnen (1827-1899), dont l’épitaphe reproduit les premières notes, est né à Neuerbourg dans cette partie de l’Eifel que le Traité de Vienne de 1815 avait fait échouer à la Prusse.
Son père, Jean-Baptiste Zinnen était musicien. Ses frères Adolphe et Auguste furent également musiciens. En 1833, la famille s’installait d’abord à Clervaux, puis à Diekirch et ensuite à partir de 1836 à Larochette. Jean-Baptiste Zinnen allait occuper le poste de dirigeant de la fanfare de Larochette et dirigeait l’école de musicale locale, que son fils, Jean-Antoine, allait fréquenter.
A l’âge de 15 ans le jeune Zinnen entrait au corps musical du 1er Bataillon des Chasseurs du Contingent fédéral stationné à Echternach. Il y perfectionnait ses connaissances sous la direction de Ferdinand Hoebich avant d’accepter le poste de chef de musique au 2e bataillon, du contingent luxembourgeois à Diekirch. Le 14 février 1849 Zinnen se fit naturaliser.
En 1851, il s’installait dans la capitale comme professeur des cours d’instruments à vent et répétiteur de la classe de violon au Musik-Conservatoire des Grossherzogtums de la capitale. En reconnaissance des services rendus dans le cadre de ses activités à l’Ecole de Musique, Jean-Antoine Zinnen fut nommé le 26 août 1857 directeur de cet établissement. Zinnen dirigeait avec succès un orchestre composé de professeurs et d’élèves de son établissement, renforcé aux besoins, par de bons amateurs de musique. Chaque année un concert de charité fut organisé au profit du bureau de bienfaisance de la Ville.
De 1853 à 1880, Zinnen dirigeait les deux corps de musique constituant la fanfare Royale-Grand-ducale avec siège au Grund ainsi que le corps de musique de la Ville. Ce fut au cours de cette période de sa vie (1860) que Zinnen se faisait recevoir membre de la loge maçonnique « Les Enfants de la Concorde Fortifiée » et où il allait rencontrer à partir de 1872, Joseph Junck.
Zinnen s’engageait avec ferveur pour la musique en acceptant également le poste de directeur de la Société Philharmonique et du chœur mixte « Cercle musical », en étant, en 1863, cofondateur et premier gérant du « Allgemeiner Musikerverband » (aujourd’hui Union Grand-Duc Adolphe) fédérant alors 26 corps de musique différents. Il dirigeait également l’orchestre d’amateurs de la société de gymnastique qui en 1869 fut à l’origine du Théâtre de la Ville de Luxembourg. Pour l’inauguration du théâtre, Zinnen avait composé une « ouverture sur des motifs patriotiques ».
En 1870, Zinnen avait organisé un concert de bienfaisance pour le soutien des soldats allemands et français blessés au cours de la guerre franco-allemande. Pour ses prestations humanitaires au cours de cette guerre, la Croix Rouge de Genève lui décerna les plus hauts rangs de médailles. Des dissentiments naissaient sur le bon fonctionnement de l’école de musique de la capitale à partir de 1872.
En 1882, le conseil communal décida de la suppression de l’école. La même année, Zinnen allait quitter Luxembourg pour vivre chez sa fille à Neully-sur-Seine. Il y acceptait un poste de violoniste à l’orchestre Lamoureux et continuait à composer des partitions pour instruments. A Paris il fondait un corps de musique « la Luxembourgeoise » réunissant des émigrés luxembourgeois dans la capitale française. Avant de pouvoir retourner à Luxembourg, Jean-Antoine Zinne est décédé accidentellement le 16 mai 1898. Sur instance de Joseph Junck, grand maître de la loge maçonnique et Président de l’Oeuvre J.A. Zinnen, réclama le rapatriement de la dépouille du compositeur. Son corps fut transféré à Luxembourg, le 28 octobre 1900. La Ville avait accordé la concession gratuite, et une subvention notable pour l’érection du monument. Une souscription nationale fut organisée et le monument dessiné par l’architecte Villedieu-Zinnen, beau-frère du compositeur fut inauguré le 11 mai 1902 en présence du bourgmestre de la Ville de Luxembourg, du corps militaire, du comité organisateur et d’une immense foule. Des estrades spécifiques avaient été montées à l’occasion.
Zinnen est entré dans la mémoire collective comme compositeur de l’hymne « Ons Hémecht » en 1864 qui fut présenté à Ettelbruck lors d’un concert organisé par le « Allgemeiner Musikerverband » pour 550 chanteurs et 240 musiciens. Michel Lentz avait écrit les vers de « Ons Hémecht » et Zinnen venait de mettre le poème en musique. Fervent compositeur, Zinnen avait écrit quelques 130 œuvres musicales, dont des ouvertures et des danses. Il composait également les marches funèbres avec chant lors des décès de la Princesse Amélie (1872) et du Prince Henri (1879). Il composait des cantates spéciales pour l’inauguration de la gare de Luxembourg, du monument Amélie et pour le 25 e anniversaire de la régence du Prince Henri. Les œuvres du poète national Michel Lentz l’inspiraient souvent pour ses compositions. Il ne faut pas oublier que le poète national et le compositeur national habitaient l’un en face de l’autre à la rue Notre-Dame. De son vivant, Zinnen avait été honoré par la décoration de Chevalier de l’Ordee de la Couronne de Chêne et de la Croix de Genève.
En 1927, une plaque commémorative fut placée à son honneur au passage de la place Guillaume II où se trouvait l’ancienne école de musique de la ville. D’innombrables rues dans les différentes communes portent son nom en mémoire. Par la loi luxembourgeoise du 27 juillet 1993, les première et quatrième strophes du chant Ons Heemecht (1859), texte de Michel Lentz, musique de Jean-Antoine Zinnen, constituent l’hymne national du grand-duché de Luxembourg.
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