Description
La concession remontant à 1904 avait été cédée à la Ville de Luxembourg en 2016 qui l’a inscrite à son inventaire du patrimoine funéraire. Elle conserve les dépouilles d’une importante famille industrielle de la ville ainsi que celle du poète Putty Stein.
La tombe renferme les corps d’Anne Hastert (1811-1881) et de Marie Hastert (1859-1923). La famille Hastert était originaire du moulin de ce nom à la ville basse du Grund. Anne Hastert avait épousé Edouard Namur, notaire à Grevenmacher de 1864 à son décès en 1882. Marie Hastert (1859-1923) avait épousé Louis Bernard Stein né en 1851 Grevenmacher et décédé au château de Fischbach en 1907. Louis Bernard était géomètre forestier de formation et intendant des domaines privés et capitaine des chasses du Roi-Grand-Duc. Il était officier de l’ordre de la Couronne de Chêne et Chevalier de l’Ordre Civil et Militaire Adolphe de Nassau. Le couple Stein-Hastert avait trois enfants : Maurice (1884-1957), Berthe, dite Bella Stein (1885-1955), décédée en célibataire. Le troisième enfant fut Pierre-Ernest Stein (1888-1955), l’auteur et compositeur luxembourgeois, dit « Putty Stein ».
Maurice Stein avait fait une brillante carrière militaire, en entrant en 1909 à la Compagnie des Volontaires. Après y avoir monté plusieurs échelons de la carrière il fut attaché à la Gendarmerie avec charge du service militaire de commandant de l’arrondissement à Diekirch. Après avoir été nommé capitaine-chef de la Compagnie des Volontaires il en fut nommé Commandant de la Gendarmerie et de la Compagnie. Pour raisons de résistance, l’Occupant l’avait démis de ses fonctions et interné au camp de Wittlich. A la Libération, il reprit ses fonctions, mais dut prendre la retraite en 1945 en raison des suites d’un accident. Il fut alors nommé Major honoraire. Au cours de sa carrière, il avait pris l’initiative de la création de l’Ecole de la Gendarmerie et de la Police. Il s’engagea pour la motorisation du service d’alerte et de la police de route. Maurice Stein avait été décoré d’Officier de l’Ordre de la Couronne de Chêne, Chevalier de l’Ordre de Léopold II, Officier de l’Ordre de la Couronne d’Italie, Chevalier de l’Ordre Albrecht der Bär du Duché d’Anhalt et de la Croix pour 25 ans de service dans le grade d’officier. Le 24 mars 1930 Maurice Stein avait épousé à Diekirch Georgette Marie Schulze (1893-1975) née à Metz. De ce mariage est né leur fils Guillaume (+1957) décédé en célibataire.
Pierre Ernest Stein, dit « Putty Stein » (1888-1955) est un des auteurs satiriques les plus populaires du Luxembourg. Après des études secondaires à l'Athénée, Putty Stein avait suivi à Munich des cours à l’Ecole des hautes études forestières. En 1912, il entra à l'administration forestière de l’Etat avant de rejoindre en 1920, le groupe sidérurgique ARBED (Aciérie Réunies de Burbach Eich et Dudelange) comme attaché à la direction générale.
Dès 1912, Putty Stein publia des textes tels que « De Musti », « De Canary », « D'Kettenhändler & Cie » dans des revues et magazines. Il est l'auteur avec Eugène Forman des revues « Feierstengszalot » et « Dajé ! Dajé ! » En 1915, il fonda la troupe de cabaret et de théâtre « La Mansarde » à l'esprit libéral. Cette association disposait de sa propre salle de répétition et de spectacles au Café du Commerce à la place d’Armes. Avec Peter Faber, il organisa des soirées cabaret au Casino bourgeois et fonda en 1926 la »Kantatenfabrik Faberstein », qui se muera en 1931 en « Manufacture nationale de cantates » (Manaca).
Putty Stein a écrit plus de deux cents chansons, les plus célèbres étant « De schéine Poli », « Mäi Frënd de Bumski », « Dem Wirsch séng Wueden », « Déi Schnëss », « D'Lidd vum arme Jang » ou « D'Quiselchen ». Pour les chansons qu’il a écrit, Putty Stein s’inspirait du cabaret français de Montmartre et de l'Überbrettl à Munich. Pour les arrangements musicaux de ses chansons, Putty Stein reprit les partitions de chansons en vogue ou s’adressa à B. Louis Beicht, ainsi qu’aux frères Peter et Jean Faber.
Ses chansons reflètent les caractéristiques de la petite bourgeoise de l’époque, ainsi que les particularités de l’Assoss, l’association luxembourgeoise des étudiants formant contrepoids aux Akademiker-Verein catholique. L’Assoss avait également son siège au Café du Commerce, ce qui rapprochait Putty Stein du milieu estudiantin. Avec beaucoup d’humour et une profonde connaissance humaine, ses chansons traduisent les petites faiblesses du genre humain.
Le monument représente un sarcophage reposant sur un cadre en granit dont la face et les côtés latéraux sont ornés de panneaux. Sur les faces latérales, des patères permettent d’accrocher des gerbes. Le monument en pierre bleue ne comporte pas d’insignes religieux. La tombale légèrement inclinée en direction du visiteur est en granit labrador poli et de confection plus récente, peut-être mise en relation avec la dernière inhumation (1975). Le monument n’est pas signé par un marbrier ou sculpteur.