Lu 24 | 06 à 19h00
Ciné-conférence
Leçon 6 : Immoralité ?
Transgression, provocation et obscénité : choquer pour changer ?
Par Dick TOMASOVIC (Professeur en théories et pratiques du cinéma et des arts du spectacle, Université de Liège)
► La conférence est suivie d'un interlude "snack & drink" et de la projection de Crash.
L’art peut-il changer le monde ? Vaste question à laquelle on ne se risquera pas de répondre. Le cinéma peut-il changer le spectateur ? Voilà une interrogation bien plus raisonnablement circonscrite mais à laquelle il ne semble pas moins imprudent de vouloir apporter des éléments de réponse. Plus assurément, on pourra affirmer que le cinéma peut certainement bousculer le spectateur, le faire vaciller, notamment dans ses convictions morales, en le confrontant à un choc inattendu. Face à certaines séquences, quelque chose se produit au plus profond du sujet-spectateur : trouble, indisposition, effroi, nausée, colère, révolte… Un grondement intime qui se met parfois à résonner dans la salle entière jusqu’à briser la puissance coercitive du dispositif cinématographique, ordonnant au corps du spectateur de rester silencieux et immobile jusqu’à la fin de la séance. Rumeurs, vomissements, cris, invectives se manifestent alors jusqu’au comble du rejet : sortir de la projection (ou lutter avec soi-même pour ne pas en sortir). Un malaise durable s’installe qui permet au sujet d’éprouver, au sens le plus fort du terme, ses limites morales. Depuis le début de l’histoire du cinéma, des premiers écarts involontaires à la bienséance jusqu’aux provocations délibérément abjectes des « cinémas de l’extrême », le cinéma interroge les frontières de la représentation et inquiète le voyeur impénitent qui sommeille en chaque spectateur. Cette conférence, délicatement illustrée, interrogera le pouvoir des images conçues pour faire détourner le regard.
Film-phare
Crash
Canada 1996 | vostFR | 100’ | De : David Cronenberg | Avec : Deborah Unger, James Spader,
Rosanna Arquette, Holly Hunter, Elias Koteas