En bref

Les appellations « arbre climatique » ou encore « arbre du futur » ont aujourd'hui pris beaucoup d'importance. Cette appellation ne fait toutefois pas référence à la capacité d'arrêter le changement climatique, mais aux propriétés de l'arbre à s'adapter au changement climatique ; des arbres capables de mieux résister ou de résister sans dommage aux phénomènes météorologiques liés au changement climatique ou encore aux conditions météorologiques extrêmes. Nos variétés indigènes, elles, souffrent beaucoup de la forte chaleur et de la sécheresse, en particulier le hêtre commun (Fagus sylvatica) et l'épicéa (Picea abies), pour ne citer que les espèces les plus connues.

Espèces d'arbres

Des essais à grande échelle sont menés depuis près de deux décennies dans de nombreux pays européens – par exemple en France, en Suisse, en Allemagne et au Danemark – afin de déterminer les espèces d'arbres qui conviennent à de nombreuses utilisations, notamment comme arbres d'alignement.

Entre un essai et une recommandation définitive en tant qu'« arbre du futur », il peut parfois s'écouler deux à trois décennies.

Les arbres climatiques peuvent être des espèces indigènes, par exemple notre tilleul à petites feuilles (Tilia cordata) et les tilleuls communs (Tilia x europaea), les chênes pédonculés et rouvres (Quercus robur, Quercus petraea), l'érable champêtre (Acer campestre) et toutes les espèces horticoles et cultivars qui en dérivent.

Parmi les espèces non indigènes, on trouve principalement le chêne chevelu (Quercus cerris), le micocoulier de Provence (Cel-tis australis), le févier d'Amérique (Gleditsia triacanthos) et bien d'autres.

Néanmoins, les arbres climatiques ne sont pas les seuls arbres que l'on peut encore utiliser sans crainte en ville. Ainsi, dans la Ville de Luxembourg, il existe des surfaces peuplées de hêtres communs (Fagus sylvatica) qui ne sont pas exposés au soleil toute la journée et se développent très bien. 

Quelques exemples des arbres climatiques

Stress hydrique

Les étés 2003 et 2013 étaient déjà entrés dans l'histoire des températures extrêmes, mais depuis les étés 2018-2022, le débat sur le changement climatique est plus actuel que jamais. Les dommages causés aux arbres par la sécheresse de l'été 2022 montrent déjà de nombreuses défaillances chez les arbres les plus faibles, ce qui aura des répercussions dans les années à venir.

Chez les arbres, le stress hydrique désigne un stress lié au manque d'eau. Les arbres, en tant qu'êtres vivants, ayant différentes stratégies pour faire face au manque d'eau, le stress hydrique ne se manifeste pas toujours de la même façon. Cela dépend de l'espèce d'arbre et de la manière dont elle gère le stress hydrique (adaptation, tolérance, évitement) – en fonction de sa dotation génétique de base, par exemple.

Principaux facteurs de stress hydrique

La période de sécheresse au printemps et en été est problématique. Une période de sécheresse de plus de 4 semaines sans approvisionnement en eau nuit à de nombreuses espèces d'arbres.

La combinaison avec d'autres facteurs de stress, tels que les effets de la chaleur et du gel sur le sol, qui affecte surtout la capacité de rétention d'eau et l'oxygénation des couches racinaires, mais aussi le rayonnement solaire intense, qui cause de plus en plus de dommages aux arbres et aux feuilles, met les arbres à rude épreuve.

D'autres facteurs entrent en ligne de compte, comme la profondeur du manque d'eau dans le sol, l'accessibilité de la nappe phréatique, la sécheresse de l'air dans la zone urbaine, l'âge de l'arbre, les maladies antérieures et les infections fongiques, mais aussi l'emplacement, par exemple les grilles d'arbres en zone urbaine, pour lesquelles il faut se poser la question du volume disponible pour les racines et de l'approvisionnement en eau.

Un autre facteur très important, souvent oublié ou négligé, est l'impact du sel de déneigement sur les arbres d'alignement. Le chlorure de sodium (NaCl) détruit la structure du sol, dite structure colloïdale. Le sel de déneigement en hiver n'est certes pas un facteur direct de stress hydrique, mais il constitue un point important dans le processus et la concentration. C'est un antagoniste du calcium et surtout du potassium, c'est-à-dire qu'il empêche leur absorption par les tissus végétaux. Le potassium et le magnésium sont essentiels à l'équilibre hydrique des plantes. Chez les arbres sensibles, ce manque de potassium se traduit par des nécroses du bord des feuilles (bords brunâtres).

Variétés d'arbres pour l'avenir

Il existe aujourd'hui de nombreuses études, listes et même des plantations urbaines, qui permettent de déterminer quelles sont les espèces d'arbres les plus appropriées dans les villes.

Une matrice des espèces climatiques, baptisée KLAM en Allemagne, mais aussi utilisée aux Pays-Bas (par exemple dans les pépinières), a également vu le jour et permet d'évaluer la tolérance à la sécheresse et la rusticité des arbres au moyen d'un système de points.

La rusticité est déterminante dans la mesure où de plus en plus d'espèces d'arbres provenant de régions plus méridionales arrivent en culture chez nous. Ces espèces présentent certes une bonne tolérance à la sécheresse, mais ne sont pas forcément adaptées à nos hivers.

Il faut également tenir compte du fait que l'emplacement (rue – espace vert) et son microclimat ont aussi une part de responsabilité dans la réussite de la plantation.

Il est important de comprendre que tous les « arbres climatiques » ne poussent pas forcément bien à tous les endroits !

Exemple

Le platane d'Orient (Platanus orientalis) est originaire d'Europe du Sud-Est et du Moyen-Orient Il a une grande tolérance à la sécheresse, mais sa résistance au froid est problématique. Cela signifie qu'il peut geler lors d'hivers extrêmement froids. Ce ne sont pas toujours les basses températures en elles-mêmes qui sont déterminantes, mais leur durée. Il en va de même pour la sécheresse.

Sélection de nouvelles variétés d’arbres

À l’avenir, il sera important de veiller à la mise en place de plantations mixtes saines, qui associent arbres climatiques et espèces indigènes. 

Ainsi, une plantation dite mixte a pour la première fois vu le jour dans la rue Anatole France. Jusqu’à présent, des rues entières étaient plantées d’une seule espèce d’arbre afin, d’une part, de garantir l’esthétique par un développement uniforme des couronnes et un développement régulier de l’arbre et, d’autre part, de simplifier la taille des arbres. L’inconvénient, c’est que si un arbre était touché par une maladie, celle-ci se propageait à tous les arbres de la même espèce.

C’est pourquoi, à l’avenir, on essaiera de planter plusieurs genres et espèces d’arbres dans les rues dont le gabarit le permet.

Arbres climatiques de la Ville

Les genres d'arbres les plus représentés en nombre dans la Ville sont l'érable (Acer, 3 372 arbres), le chêne (Quercus, 1 785 arbres) et le tilleul (Tilia, 2 229 arbres). 

Quercus (Chêne)

Quercus est le nom latin du chêne. Les chênes sont une grande famille botanique appartenant à la famille des fagacées (Fagaceae). Ils peuvent vivre plus de mille ans s'ils sont bien placés. On retrouve des espèces de chênes dans le monde entier, de l'Amérique du Nord à l'Amérique centrale, l'Eurasie et l'Afrique du Nord, en passant par le Mexique, les Antilles et la Colombie.

Très apprécié, le bois de chêne est d'une grande qualité et longévité.

Le chêne fait également partie des espèces résistantes à la sécheresse, dont le chêne pédonculé (Quercus robur), le chêne rouvre (Quercus petraea) ainsi que le chêne chevelu (Quercius cerris) et le chêne de Hongrie (Quercus frainetto).

Cadastre : Le nombre total de chênes dans la Ville (toutes espèces et variétés confondues) est de 1 765.

Tilia (Tilleul)

Le nom « Tilia » vient du grec « tilos », qui signifie fibre. Les fibres d'écorce étaient autrefois utilisées dans la production de chaussures et de cordages.

Originaire d'Europe, le tilleul à petites feuilles (Tilia cordata), également appelé tilleul des bois ou tilleul à feuilles en cœur, appartient à la famille des Malvacées (Malvaceae, sous-famille Tilioidaea) et peut vivre plus de 500 ans. Ses fleurs fournissent le nectar indispensable à la fabrication du fameux miel de tilleul.

Le bois de tilleul est principalement utilisé en sculpture, en gravure sur bois et en tournage.

Plusieurs séries de tests ont montré que le tilleul est une espèce d'arbre bien adaptée aux sols secs et capable de résister à de longues périodes de chaleur.

Cadastre : Le nombre total de tilleuls dans la Ville (toutes espèces et variétés confondues) est de 2 213.

Acer (Érable)

Le genre des érables (Acer), de la famille des sapindacées (Sapindaceae), est largement répandu en Eurasie, en Afrique du Nord, en Amérique centrale et en Amérique du Nord.

Cadastre : Le nombre total d'érables dans la Ville est de 3 372.

Certains arbres sont entretenus par l'État luxembourgeois.