Qu'est-ce qu'un bon film? - Leçon 7

Lundi, 29 avril 2019 à 19h

Toutes les raisons d’aimer le cinéma en 10 leçons

Leçon 7 :  ÉPIPHANIE
Un bon film fait jaillir des moments de vérité

Par Mathias Lavin (maître de conférences en études cinématographiques, Université Paris 8)
Ciné-conférence ponctuée d’extraits de films | en langue française | 60’

Conférence suivie d'un interlude gastronomique "finger food & meet the prof"

« Le terme d’épiphanie appartient d’abord au vocabulaire religieux : s’il désigne la fête chrétienne célébrant l’adoration du Christ nouveau-né par les rois mages, il renvoie plus largement à l’idée d’une apparition divine. Sans défendre une démarche prosélyte ou militante, on peut alors parler d’épiphanie au cinéma pour évoquer des phénomènes pouvant apparaître comme autant de manifestations possibles d’une transcendance ou d’un ordre supérieur, qui n’a d’ailleurs nul besoin de recevoir une stricte détermination théologique. On peut situer une telle approche dans une tradition critique, à la fois circonscrite et significative, qui considère le cinéma comme un art de l’apparition, et qui fait de sa capacité d’enregistrement un moyen privilégié de révélation de la réalité. Selon cette conception, le film doit s’efforcer de saisir des moments essentiels susceptibles d’apparaître comme autant d’éclats d’une vérité révélée que le spectateur sera en mesure d’éprouver. En insistant sur l’apparition, on peut également considérer que ce sont les pouvoirs de l’image (et du son) que l’épiphanie invite à considérer, à l’instar des fragments littéraires conçus par James Joyce sous ce terme comme autant de manifestations langagières particulièrement intenses. De la sorte, l’épiphanie invite à une vision sensible des films, que l’on peut envisager, en reprenant une expression de Walter Benjamin, comme autant d’illuminations profanes ».

Projection : Le Rayon vert

France 1986 | vo | 94 ’ | De : Eric Rohmer | Avec Marie Rivière, Béatrice Romand, Vincent Gauthier, Rosette

Si le rayon vert en tant que phénomène atmosphérique est bien ce point de friction lumineuse né du croisement du soleil et de l’océan, il symbolise également l’épiphanie amoureuse que se languit de connaître l’héroïne à fleur de peau du film, Delphine.

Films-clés

Pour approfondir les leçons la Cinémathèque programme une série de projections supplémentaires de films-clés tous les dimanches soir à 20h30.

Autres films-clés illustrant « Épiphanie » :

05 | 05 Chronique d’un été | France 1961 | Jean Rouch et Edgar Morin
12 | 05 A nos amours | France 1983 | Maurice Pialat
19 | 05 Les ailes du désir | France-RFA 1987 | Wim Wenders
26 | 05 The New World | USA 2005 | Terrence Malick