Leçon 6: PENSÉE

« ‘Produire des idées’, c’est peut-être beaucoup demander, même à un film, surtout à un film. Après tout, comme Gilles Deleuze le rappelait avec un petit sourire dans son Alphabet télévisé, ‘avoir une idée, c’est une véritable fête, ça n’a pas lieu tous les jours’. Si un film provoque en nous des processus idéels, des pensées ou des débuts de pensée, ce n’est jamais, en tout cas, sous la forme achevée du concept. On ne cherchera donc pas à analyser, dans l’absolu et abstraitement, ce que peut être une ‘pensée en images’ – ce vieux serpent de mer caressé jadis par certains avant-gardistes (dont Eisenstein est le plus notoire). Plus modestement, on envisagera trois modes, relativement courants, selon lesquels des films peuvent déclencher en nous des trains d’idées, des enchaînements, logiques ou affectifs, ressemblant dans leurs grandes lignes au libre jeu de la pensée. Il sera ainsi question successivement de l’essai, de l’allégorie et de ce qu’on ne craindra pas d’appeler la méditation. Restera le plus difficile : apprécier si cela, vraiment, fait ‘un bon film’. »