Constructions du réel - Leçon 1

Lundi, le 22 février 2021

Ciné-conférence

Leçon 1 : HISTOIRES

Par Laurent Le Forestier (professeur ordinaire en histoire et esthétique du cinéma, Université de Lausanne)

Ciné-conférence ponctuée d’extraits de films et présentée à deux reprises (18h00 et 19h30) | en langue française | 60’

D’aucuns tiennent volontiers pour paradoxale, voire contradictoire, l’idée que le documentaire puisse raconter des histoires, postulant implicitement que cette machine à enregistrer qu’est le cinéma ne saurait avoir d’autres rapports au réel que descriptif. Cette conférence propose d’explorer, à travers quelques exemples jalonnant l’histoire du cinéma, certaines des raisons pouvant expliquer que le documentaire a été envisagé, et l’est parfois encore, comme l’entremêlement de deux régimes, le descriptif et le narratif – qui seront explicités en particulier à partir du cas canonique de Nanook de Robert Flaherty. Ces raisons tiennent ainsi au contexte dans lequel apparaît le cinéma, aux méthodes à l’œuvre dans les disciplines qui s’emparent de lui dans une perspective documentaire (ethnologie, anthropologie, histoire), à l’importance accordée à la voix dans la propagande, etc. Enfin, nous verrons comment cette forme narrative du documentaire a pu conduire, par une sorte de renversement, à une forme documentaire du récit de fiction.

Film-phare

La conférence est suivie de la projection du film-phare :

L’Homme d’Aran

Man of Aran GB 1934 | version originale sonore avec intertitres anglais | 76’ | Documentaire de : Robert Flaherty | Avec : Colman ‘Tiger’ King, Maggie Dirrane, Michael Dillane

Une famille de pêcheurs mène une lutte farouche et obstinée contre les éléments sur une île de l’archipel d’Aran, au large de l’Irlande. Sur ce sol rocailleux, sans cesse balayé par la tempête, il faut fabriquer la terre cultivable. Un jour, le père poursuit un requin dont il ne vient à bout qu’après une lutte acharnée. Reparti en mer, il est pris dans une nouvelle tempêt

Avec des personnages et des situations simples, Flaherty a composé un ample et dramatique poème d’images puissantes et belles, qui exaltent la lutte de l’humanité pour sa survie et témoignent d’une bouleversante foi dans l’homme. Sans aucun tape-à-l’œil, ce film comporte aussi de formidables prouesses techniques et des scènes comme les tempêtes ont une puissance que sont loin d’égaler les plus grands films hollywoodiens.