Du gros plan au flash-forward - Leçon 1 : Rythmes

‘Le rythme est l'ordonnance du mouvement’, écrivait Platon. En tant qu’ordonnancement temporel et spatial, musical et plastique, non seulement il configure l'organisation et la consistance du monde filmé, mais il construit aussi notre expérience du film. Cette expérience s'éprouve en termes de liaison et de déliaison, de durée et de syncope, d'accélération et de décélération, de résonance et de dissonance, de résolution et d'irrésolution…, dans une dynamique où le mouvement devient forme et où la forme, comme effet sensible, opère par ce qu'elle retire ou ajoute au visible. À partir de l'analyse d'extraits de films d'époques et de cultures différentes (de John Ford à Gus Van Sant, de Yasujirō Ozu à Andreï Tarkovski) et à travers l'étude de quelques figures ou configurations filmiques (le ralenti, le plan-séquence, le faux raccord, le plan à appréhension décalé…), il s'agira de se demander comment le cinéma invente des manières rythmiques d'être au monde et fait du rythme et de ses variations un mode privilégié de la relation du sens et du sensible.