Du gros plan au flash-forward - Leçon 2 : Détails

"Une histoire du détail est impossible", affirmait le grand historien de l'art, Daniel Arasse, ce qui n'ampute en rien l'intérêt de se pencher sur la question. En revanche, en nous libérant de l'impératif chronologique, ce point de départ permet d'envisager la force d'un détail précis, isolé au sein d'une œuvre. D'ailleurs, c'est parfois un détail qui revient nous hanter après un visionnement, comme si à lui seul, il précipitait chimiquement la densité du film. La tache de sang sur le gant en gros plan dans Les Oiseaux...Mais peut être pas pour vous qui avez été plus sensible à d'autres détails dans ce film. Car la question du détail, en plus de convoquer celle de la technique (zoom versus profondeur de champ, valeur de plan...), est intéressante à double titre : si l'on peut constater ce qu'apporte un détail dans l'économie d'une narration, policière par exemple, le prélèvement d'un détail pose aussi d'autres questions. En particulier, il interroge le partage de responsabilité entre la mise en scène et le spectateur. Qu'attribuer à la volonté de signifier d'un cinéaste, à la vie organique d'une œuvre constituée qui peut dépasser les intentions de son "créateur", ou à la perception subjective d'un spectateur ?